Lettre ouverte…

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J’ai emprunté, à la bibliothèque François Truffaut, plusieurs documents autour de François Truffaut. Et notament, « Lettre ouverte à François Truffaut » d’Eric Neuhoff (j’ai ensuite découvert que ça fait partie d’une série de divers lettres ouvertes, écrites à chaque fois par quelqu’un de différent).
C’est assez amusant comme texte. Je ne suis pas d’accord avec tout. Par exemple, Neuhoff dit beaucoup de mal de « L’Amour en fuite » (film que Truffaut n’aimait pas d’ailleurs) alors que je le trouve excellent. Et il dit également beaucoup de mal de Marie-France Pisier.
Dans le début de sa lettre ouverte, il décrit des photos. Exercice sympa ! Voici un passage :
« J’ai sous les yeux quelques photos de vous. […] Il y en a une qui est charmante. Elle est de Robert Lachenay. La date n’est pas précisée. Visiblement, c’était à vos débuts. Vous êtes sur une terrasse. La Côte d’Azur ? Ça doit être la Côte d’Azur, en effet, parce que deux palmiers se dressent dans le coin droit et que, dans l’ensemble, les gens de cinéma n’affectionnent guère la région de Roubaix. Au fond, ce qui ressemble à un champ de vignes et une colline couverte de forêts. Les Maures, peut-être. Vous êtes seul sur cette terrasse, de profil, et vous vous livrez à un étrange exercice. Vous sautez en l’air – assez haut, d’ailleurs. La jambe gauche est tendue en avant, comme celle d’un footballeur au moment du pénalty, la droite repliée en arrière. Êtes-vous en train de sauter par-dessus un fil ? Vous a-t-on joué un tour ? Si ça se trouve, ce gag a été inventé pour les besoins de la cause. Comme vous ne savez pas quoi faire devant l’objectif, que vous n’êtes pas acteur vous avez déniché ce stratagème. Je saute, hop, comme ça ce sera original. Vous ne semblez pas très à l’aise, dans cette position. L’acrobatie et vous… Vous auriez pu reprendre à votre compte ce mot de Churchill à qui on demandait le secret de sa forme : « Aucun sport ! » Que fabriquiez-vous sur cette terrasse ensoleillée, vous que les vacances ont le don d’assommer ? J’ai dit Côte d’Azur, mais il ne s’agit certainement pas du bord de mer. Il paraît que vous ne vous baigniez jamais, que vous n’aviez pas daigné apprendre à nager. Cette gaucherie – Paris est si loin – apparaît dans votre accoutrement. Une grosse veste par cette chaleur, on n’a pas idée. Boutonnée, par-dessus le marché. C’est bien vous, ça. Le pantalon, lui, est étonnant. Il a une petite fente en bas, comme si la couture s’était défaite au niveau de la cheville. La mode de ces années-là. Qui y avait-il d’autre, sur cette terrasse, autour du photographe ? Ça n’est pas une photo destinée à la presse. Vous êtes avec des amis. On vous a chargé d’amuser la galerie, de détendre l’atmosphère : un festival, on attend le palmarès en se rongeant les sangs ? Hors champ, une femme sourit avec attendrissement en vous regardant. François fait le clown, songe-t-elle dans sa robe à nylon à fleurs qui bat le vent. Le mistral la décoiffe. Sacré François. Pourvu qu’il ait la Palme d’or ».
La photo en question :
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La photo est visible dans l’expo « François Truffaut » à la Cinémathèque Française (je l’ai prise rapidement, comme on n’a pas trop de droit de prendre des photos !!).
Eric Neuhoff a laissé aller son imagination à partir de ce cliché. Et en réalité, Truffaut n’était pas tout seul à faire le clown sur cette terrasse, comme le montre dans l’expo la photo voisine :
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(nb : Jeanne Moreau, à droite)

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