Dans la cour

« Dormir
Il a dormi sur les mains.
Sur un rocher.
Sur ses pieds.
Sur les pieds de quelqu’un d’autre.
Il a dormi dans des bus, des trains, des avions.
Dormi pendant le service.
Dormi au bord de la route.
Dormi sur un sac de pommes.
Il a dormi dans une sanisette.
Dans un grenier à foin.
Au Super Dome.
Dormi dans une Jaguar et sur la plate-forme d’un pick-up.
Dormi au théâtre.
En prison.
Sur des bateaux.
Il a dormi dans des baraquements et, une fois, dans un château.
Dormi sous la pluie.
Sous un soleil ardent il a dormi.
A cheval.
Il a dormi sur des chaises, dans des églises, des hôtels de luxe.
Il a dormi sous des toits étrangers toute sa vie.
Maintenant il dort sous la terre.
Il n’en finit pas de dormir.
Comme un vieux roi. »
J’ai découvert ce poème de Raymond Carver dans le film « Dans la cour » de Pierre Salvadori (vu ce soir en avant-première). C’est le personnage d’Antoine (joué par Gustave Kervern, formidable) qui le lit. Le poème n’est pas très gai… mais le film non plus !!
Dans la cour
Les personnages principaux ont, comme le dit l’affiche, de petites fissures, de grandes fêlures.
Très beau film, beaucoup de passages drôles et d’autres moins.

Paris

Deux photos prises ce week-end (avec mon nouvel appareil photo !).
Une tour :
Tour
Et une vue depuis le 6ème étage du Centre Pompidou :
Beaubourg

Londres

Dans le cadre de l’exposition Henri Langlois, qui a débuté cette semaine à la Cinémathèque Française, diverses programmations de films sont proposées. A cette occasion, j’ai découvert le film « Louis Lumière » : un documentaire d’une heure sur les films Lumière. Il a été réalisé par Eric Rohmer en 1968. Dans ce documentaire, Eric Rohmer pose des questions à Jean Renoir et à Henri Langlois à propos de leur vision des films Lumière.
Il n’y a pas photo, Jean Renoir est beaucoup plus intéressant à écouter que Henri Langlois !! Mais l’ensemble du documentaire est vivant et très plaisant à voir, avec de nombreux extraits des films Lumière (enfin, des extraits qui sont les films complets, comme à l’époque ils duraient une minute !). Je voyais pour la première fois la plupart de ces films Lumière, comme une vue de Londres : le Pont de Westminster…
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Cela n’a pas tellement changé avec aujourd’hui :
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Au niveau des voitures, si quand même !!
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Le documentaire m’a permis d’apprendre qu’il existait une deuxième version de l’« arroseur arrosé » et de la découvrir.
Et c’était un plaisir de voir ce film, et ces extraits parsemés à l’intérieur, en format pellicule (projection 16mm ici) et pas en numérique !!! Détail amusant, vers la fin du documentaire, alors que Langlois parlait de la conservation des films, la pellicule a brûlée ! J’avais vu cela, fictionnalisé, dans des films. J’avais vu des projections où le film casse… mais une projection où l’image stoppe et prend feu, je n’en avais pas le souvenir ! (le projectionniste a réparé cela rapidement, et on a pu voir le peu de métrage qui restait à visionner).

Joe Dante

Jeudi dernier, dans son « Cinéclub » (séance hebdomadaire à la Cinémathèque Française, mais dont c’était le dernier film de la saison), Jean Douchet a eu l’excellente idée de passer « The Hole » de Joe Dante.
The Hole
Malheureusement, le film n’est pas passé dans sa version 3D.
The Hole
J’avais déjà vu le film en DVD (il n’est pas sorti en France au cinéma), et j’ai été content d’avoir l’occasion de le revoir sur grand écran.
Dans le passé, j’avais lu une interview  de Joe Dante (je ne sais plus où) dans laquelle il expliquait ses déboires avec ce film. « The Hole » a été tourné avec une caméra 3D au moment du retour du relief dans les salles (utilisant le format numérique donc, et plus les lunettes bi-couleurs !). Il y avait un enjouement pour la 3D et un nombre pas si grand que ça de films qui sortaient dans ce format (notamment parce qu’il fallait tourner avec une caméra 3D : un équipement plus lourd au niveau de son utilisation et de son prix). Donc « The Hole » allait pouvoir bénéficier de cet attrait. Mais, malheureusement pour Joe Dante, avant que son film ne sorte a été inventé un système permettant de convertir des films 2D et 3D. C’est de système qui permet de voir ressortir des films en 3D alors qu’ils n’avaient pas été prévu pour ce format (comme « Le Magicien d’Oz » de 1939 par exemple) mais, également, ce procédé permettait maintenant aux réalisateurs de tourner leur film en 2D puis de voir ce dernier convertit en 3D et sortir en relief. Le nombre de films 3D a ainsi connu une expansion considérable (avec des qualités de relief pouvant être déplorable) et, le temps que « The Hole » soit prêt, il était déjà noyé dans la masse. Dommage, dommage…
Quelques mots à présent sur un super site à l’initiative de Joe Dante (nb : un site en anglais) : Trailers from Hell. Joe Dante a sorti un documentaire en  2009 ayant pour titre « Trailers from Hell » et dans lequel, comme on peut le lire sur Allociné, « les grands noms du cinéma fantastique évoquent leurs bandes-annonces cultes ». Puis il a eu la grande (et généreuse) idée de mettre des centaines de bandes-annonces disponibles sur un site internet : pour chaque film, il est possible de voir la bande-annonce avec une introduction et un commentaire d’un réalisateur, et aussi de voir cette bande-annonce sans commentaire.
Voici par exemple la bande-annonce de Gremlins 2, avec le commentaire de Max Landis (nb : fils de John Landis) : ici.
Gremlins 2
Bien sûr, la plupart des bandes-annonces ne sont pas des films de Joe Dante ! A noter qu’il commente lui-même certaines bandes-annonces dont, notamment, celle de « The Hole » (mais son anglais n’est pas toujours facile à comprendre, je trouve) : ici.
Prochain film de Joe Dante : « Burying the Ex »
Burying the Ex
Actuellement en post-production, espérons qu’il trouvera un distributeur en France !

Blutch

J’ai beaucoup aimé le dernier film d’Alain Resnais, « Aimer, boire et chanter » (le producteur du film à indiqué que pour parler du film entres eux, il l’appelait « ABC »). Par contre, je trouvais l’affiche pas terrible.
ABC
C’est toujours le cas. Mais l’auteur de l’affiche, le dessinateur Blutch (que je pensais ne pas connaitre) a aussi dessiné des cottages anglais qui apparaissent à plusieurs moments du film et que j’ai trouvé particulièrement réussi.
La première fois que j’ai vu l’affiche de « ABC », je me suis demandé pourquoi  ce n’était pas Floc’h qui avait réalisé l’affiche (Floc’h avait fait les affiches de « Smoking No smoking, de « On connait la chanson », de « Pas sur la bouche ») mais j’ai appris avec surprise que Blutch n’était pas un nouveau venu dans l’univers de Resnais. Il est l’auteur des affiches de ses deux films précédents :
Les Herbes folles VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU
Belles affiches !
Sinon dans « ABC » – comme dans de nombreux films d’Alain Resnais – on trouve un fourmillement d’originalités et des libertés formelles. Par exemple, des monologues durant lesquels le personnage se confiant au spectateur est isolé sur un fond grillagé (ce qui rappel l’esthétique bande dessinée). Audaces qui, dans le film, passent comme une lettre à la poste.
UPDATE du 2 avril 2014 : une couverture dessinée par Blutch pour « Les Cahiers du Cinéma » du mois d’avril. 🙂
Les Cahiers

Le Balzac… et ses problèmes techniques

Je suis abonné à la newsletter du cinéma Le Balzac (un cinéma « Art et Essai » près des Champs-Elysées). Ce jour, la newsletter avait pour titre « Venez au Balzac… et oublions les problèmes techniques !! ».
Voici son contenu :
 » Bonjour !
Quand internet nous lâche, rien ne va plus… Nous, petites entreprises, sommes décidément devenues bien fragiles. Au Balzac, depuis une quinzaine de jours, les connexions web sont en carafe ou disons, fonctionnent par intermittence, ce qui affecte entre autres la caisse (tout est informatisé bien sûr, avec toutes sortes de cartes à puce…) et la vente à distance… Vous voulez acheter de chez vous, parce que vous vous êtes habitués à ce service, une place pour les Pirates de Penzance ou le concert de Jean-François Zygel, vous n’y arrivez pas parce que ça ne marche pas, vous êtes agacés et vous avez bien raison ! Mais votre énervement n’est rien à côté du nôtre !! Nous harcelons notre opérateur Orange (allez, on dénonce !), hier après-midi un technicien a disparu dans les entrailles de l’immeuble où se trouve paraît-il l’armoire magique avec tous les fils et les branchements, il n’a jamais refait surface… et ça ne marche toujours pas !
Bref, une bonne nouvelle tout de même. Ces pannes n’affectent pas (pas encore !) les projections et les séances ont bien lieu. Alors venez voir nos films et participez à nos séances exceptionnelles. De vrais humains non connectés seront toujours là pour vous accueillir !
Virginie »
Ah là là, les joies des techniciens Orange (ou Free)… cela me rappel quand j’ai du attendre deux mois avant de retrouver Internet à la suite d’un déménagement !
Récemment le président du Festival de Berlin était au Forum des Images (pour parler du festival avec Michel Ciment) et il disait que toutes les projections se faisaient par un système de câbles qui passaient sous les salles. Ce n’est pas encore par wifi, mais prochainement cela pourrait être le cas (avec le besoin d’une clé pour l’autorisation de la lecture du fichier et d’utiliser le créneau horaire alloué). Le progrès… si tout marche comme espéré et ne tombe pas en panne !
Encore heureux que Le Balzac puisse projeter des films malgré ses problèmes techniques (pour un cinéma, c’est mieux). Et bonne chance à eux pour retrouver le net 😉

Resnais

FRANCE-CINEMA-OBIT-RESNAIS
(photo © LIONEL BONAVENTURE / AFP)
A. Dussolier aux obsèques d’A. Resnais, le 10 mars. En fond, le portrait du cinéaste qu’avait dessiné Floc’h en 2002 pour la couverture d’un ouvrage qui compilait des articles publiés dans la revue Positif (nb : Floc’h est aussi l’auteur de plusieurs affiches de films d’Alain Resnais).
Alain Resnais
Le site de la Cinémathèque Française publie le texte qu’André Dussolier a lu en hommage à Alain Resnais, le jour de l’enterrement.  Voici la dernière partie :
« A la fin des tournages, en lieu et place des Ours, des Lions, des César ou des Oscars, vous aviez inventé les Lézards dont vous nous récompensiez en l’accompagnant du plus beau des hommages.
A la fin de chaque prise, vous ne disiez jamais « Coupez ». Vous laissiez la vie continuer et nous surprendre dans le silence.
Au bout d’un long moment votre voix claire et ferme disait : collure !
Soucieux, comme l’ancien monteur que vous étiez, de la scène suivante à laquelle, celle que nous venions de vivre, allait être reliée.
Le film continue aujourd’hui sans que nous puissions à jamais nous sentir coupés de vous.
Par la grâce des moments que nous avons vécus, par la grâce des films que vous nous avez offerts, par la grâce de cette collure qui nous liera toujours à vous.
Cher Alain ! »

Auchan aide les petits films…

On fait toujours des découvertes surprenantes dans les allées DVD d’Auchan. Cette fois-ci, c’est un sticker sur les DVD de l’offre « 4 DVD pour 20 Euros ».
rembourse
Bravo à Auchan pour mettre ainsi en lumière cette sortie confidentielle, et donner un coup de pouce à ce film français qui en a bien besoin pour faire des entrées !!
Puisque, comme le notait à propos de « Supercondriaque » l’auteur du site Cine-directors (consacré au Box Office des films) :
« […] l’équipe gagnante se reforme afin de tabler sur un succès facilement acquis puisqu’irréfléchi de la part des spectateurs (la nostalgie des Ch’tis…). »

Bill Plympton

Hier soir j’ai découvert la grande salle du cinéma Le Luxor. J’avais vu des articles sur la réouverture de ce cinéma mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’y aller. Ayant gagné une place pour l’avant-première « Les Amants électriques », grâce à 1kult, c’était une bonne occasion pour découvrir ce lieu.
luxor
Sur cette photo, et une fois dans la salle, on pourrait penser l’écran de projection tout petit… mais, avant la séance, un grand écran descend du plafond ! (comme c’est le cas également dans la grande salle du cinéma Le Grand Rex, autre cinéma historique de Paris)
Un peu d’histoire sur Le Luxor, avec cet extrait d’un article du Monde :
« Ce cinéma – le plus vieux de la capitale –, ouvert en 1921, fermé en 1983, puis transformé en boîte de nuit, va connaître une nouvelle vie. Cela fait dix ans, depuis son rachat par la Ville de Paris, sur décision du maire (PS) Bertrand Delanoë, que sa rénovation alimente la chronique, entre guéguerres sur la destination du lieu, débats sur la restauration néo-égyptienne, interrogations sur le coût des travaux (au final 25 millions d’euros)… »
L’avant-première était donc « Les Amants électriques ». Film d’animation de Bill Plympton très sympa (le film, et Bill qui était présent), beaucoup d’inventions et d’originalités, une histoire racontée sans dialogue qui confère tout au long du film un côté poétique. Mélangé avec un côté « trash » au niveau du fond.
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Le réalisateur ne s’est pas tellement attardé pour répondre aux questions du public après le film, par contre il a proposé de faire un dessin sur une carte postale offerte pour tous les spectateurs qui le souhaitaient (il avait fait la même chose lors de sa venue, pour un précédent film, au Méliès à Montreuil). Il a donc passé une heure, après la discussion, pour faire un dessin à tous !!
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En même temps, il propose la vente de DVD de ses films et de dessins ou esquisses.